chapitre 1 suite

Publié le par chroniquesdrydanes

 

Elle se releva péniblement. Personne ne se précipita pour l'aider. Était ce par défit ou par respect du protocole lié à son nouveau statut? Impossible de le savoir. Elle le saurait bien assez tôt de toute manière, si des masques venaient à tomber dans les semaines à venir. Béale se retourna pour faire face au petit groupe. Les grands, derrière leurs airs peinés, se jouaient ils d'elle ? La dissimulation était un art qu'elle ne maitrisait pas assez pour dissocier les faux semblants des sentiments sincères.

Tous ces regards braqués sur elle...une meute de loups face à un agneau.

Un moment elle faillit défaillir, s'écrouler à nouveau en larme sur le sol. La scène, catastrophique, saperait définitivement l'occasion de s'affirmer en tant que reine. Une vraie téodorienne se devait de faire passer la raison d'état au devant de ses émotions, Merces n'avait il pas condamné à mort sa mère sans une once de remord ? Plus facile à penser qu'à faire. Béale se mordit la langue au sang pour ne pas céder aux caprices d'un corps rongé par la souffrance et parvint in extremis à se maintenir debout.

Se maitriser serait la première leçon de son début de règne, elle y arrivait à peine. Mais où puiser la force de les affronter ? Elle ne devait pas jouer un rôle mais être la reine, incarner le pouvoir, transcender l'autorité liée à sa couronne.

Des questions se succédaient dans son esprit affolé. En qui pouvait elle avoir confiance? Qui serait là pour la conseiller ?

Jamais son père ne l'avait préparée à gouverner.

Comtes, ducs, barons. Autant de territoires, d'armées et de serviteurs. Autant d'ambitions. Elle vit derrière la masse d'hommes en armure le crane lisse du chancelier Tiron,en retrait dans un coin, le regard perdu sur un point déterminé par son imagination. Son rang social inférieur ne l'autorisait pas à se mélanger aux nobles qui se méfiaient de lui comme de la peste. Rusé, habile et discret il gérait le conseil d'une main experte. Nul n'ignorait ses magouilles et ses enrichissements personnels mais personne ne mettait en cause son dévouement à la couronne. Maintenant que le roi n'était plus là pour protéger ses arrières, nuls doutes que les nobles chercheraient à accrocher sa tête au bout d'une pique. Allait t il se joindre aux conjurateurs les plus offrants où rester fidèle à une cause royale orpheline?

La princesse Béale au sortir de ses pensées se rendit compte que ses yeux étaient restés fixés trop longtemps sur le chancelier. Détail qui n'avait pu échapper aux nobles, avides de ses moindres faux pas.

Elle se ressaisit en essayant de paraitre la plus digne possible.

  • Mes très chers seigneurs, votre présence dans des moments si pénibles pour nous tous, réconforte mon cœur noyé de larmes. Si mon chagrin est inconsolable à jamais il nous appartient désormais de poursuivre l'œuvre de mon père et à cet effet je sais que je peux compter sur chacun de vous.

 

Les nobles hochèrent la tête en signe d'agrément – que pouvaient ils faire d'autre ?- mais restèrent aussi silencieux que le cadavre du roi.

La fille de Merces les dévisagea un à un. La tristesse qu'elle affichait n'était pas simulée mais sincère. Tous les efforts de son père pour construire une nation viable allaient ils être réduits à néant par des ambitions personnelles?

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